Mot du porte-parole

À hauteur d’enfant

par Simon Boulerice

L’hiver dernier, Caroline Dawson publiait son premier livre jeunesse, Partir de loin, qui
découlait d’une invitation d’une éditrice. La co-organisatrice du FLJM, fidèle à sa rigueur
légendaire, avait d’abord refusé de se lancer dans l’aventure, car écrire pour les enfants,
ça l’intimidait. Ayant elle-même deux enfants, elle savait très bien à quel point ça peut
être difficile de leur plaire.
Heureusement, Caroline a fini par accepter. Dès lors, elle était mue par un seul souhait :
que son texte parle véritablement aux enfants, sans que ce soit moraliste. Elle voulait
simplement que les enfants puissent se mettre dans la peau de l’autre. Caroline a donc
écrit son album à hauteur d’enfant.
Toute sa vie, l’écrivaine et sociologue aura cherché à trouver les bons mots pour
s’ajuster et s’adresser à son public, qu’il soit étudiant, enfant, ou Québécois lambda qui
n’a pas fait l’expérience de l’immigration. Personne n’aime être regardé de haut.
Caroline nous regardait directement dans les yeux, et son cœur, vis-à-vis du nôtre,
cherchait à épouser notre rythme. Elle battait à notre mesure.
Caroline sera là partout dans cette nouvelle édition du FLJM qui lui est dédiée. Un
fantôme dans une robe jaune soleil. Un fantôme qui vous veut du bien, qui contaminera
positivement le parc Noël-Spinelli. En se penchant ou en s’accroupissant devant les
enfants pour être à leur hauteur, toutes les autrices et tous les auteurs conviés au
festival rendront hommage à Caroline, et peut-être sans le savoir. Et les enfants, ces
lecteurs en construction, se sentiront reconnus et appréciés comme des individus à part
entière, avec leurs drames profonds et leurs joies retentissantes. Ce qu’ils sont.
Je m’incline et nous souhaite que la robe jaune soleil de Caro nous éblouisse tout l’été.